Bukavu, le 15 mai 2009.
C’est triste, vraiment triste que les populations congolaises perdent de vue la pertinence de la sauvegarde de notre environnement ! L’île d’Idjwi, seul territoire insulaire de la République Démocratique du Congo, à une position géostratégique de prédilection, ses atouts touristiques et naturels, les intérêts croissants qu’elle suscite ; court un risque de déforestation totale qui frise une véritable catastrophe naturelle.
La pression de l’homme sur la nature et la prédation que celui-ci exerce sur elle est une réalité dans cette contrée et prend des allures qui risqueraient des déboucher à des conséquences fâcheuses et quasi dramatiques. Mais d’où vient-elle cette déforestation intense du massif de NYAMUSISI, seule réserve naturelle de l’île d’Idjwi ?Elle remonte en 1994, période pendant laquelle plusieurs milliers des réfugiés Rwandais arrivent de leur pays fuyant la guerre qui a culminé par le Génocide. Ils déferlent sur l’Île à l’instar d’autres contrées de l’Est du pays et là commence le calvaire. La RD Congo, ce géant qui se voulait alors champion de la conservation de la nature verra alors la quasi-totalité de la faune de cette Île décimée et la flore rasée !Pis encore, après le départ des réfugiés Rwandais jusqu’à nos jours, les populations autochtones ont occupé cette réserve naturelle, parachevant l’œuvre macabre entreprise par les réfugiés Rwandais.Et il va sans dire que les conséquences n’ont pas traîné à se faire sentir : saisons sèches de plus en plus prolongées, changements climatiques, destruction de l’habitat naturel de la biodiversité et des autochtones, érosions, éboulements et bien entendu les irrégularités des pluies observées sur l’île ces dix dernières années qui constituent un coup dur à la Province toute entière.
Dès lors les belles tomates, le manioc, les ananas et les fruits de toutes sortes ne vont pas tarder à disparaître des marchés de Bukavu, de Goma et d’ailleurs. Cette situation anachronique et surannée est entrain de se concrétiser et disons même institutionnalisée avec la délivrance par l’administration foncière provinciale des contrats de location sur cette réserve et leurs bénéficiaires, contrairement aux textes légaux en vigueur en RDC, commencent à solliciter des contrats d’emphytéoses (25 ans) auprès de l’autorité provinciale. C’est grave !Fort heureusement le Gouverneur de la Province du Sud- Kivu, grand défenseur de la sauvegarde et de la protection de l’Environnement a toujours eu un œil vigilant avant de signer des pareils titres.
Est-il besoin de justifier pourquoi des Associations qui ont compris la pertinence de la sauvegarde de l’environnement telle Planète Verte, a.s.b.l une Association œuvrant au Sud Kivu ont décidé de mener un combat tous azimuts contre ce fléau, – car ç’en est un- qui gangrène le grand bassin du Congo ? Cette situation nous interpelle tous. Il sied de dénoncer avec véhémence cette situation en mettant en place des mesures draconiennes pouvant faire en sorte que soient évitées ces catastrophes aux conséquences incalculables.
Le Gouvernement Congolais à travers le Ministère de l’Environnement, les chefs coutumiers, les élus du peuple, l’Administrateur de Territoire, les différents partenaires tels WWF, UNESCO, WCS, ICCN, GTZ, le Fonds social pour la RD Congo, les cours et tribunaux, etc. tous sont donc appelés à canaliser leurs efforts de manière à ce que le refus de délivrer des titres sur la réserve naturelle de NYAMUSISI par l’administration foncière provinciale, le déguerpissement des occupants illégaux, le reboisement intensif de l’Île d’Idjwi scellent la volonté de voir la RD Congo recouvrer sa place de leader en matière de la conservation de la nature. Oui à la promotion et à la sauvegarde de l’environnement, halte à la déforestation de l’île d’Idjwi !
La rédaction
Echos de la province du Sud-Kivu